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Les diverses tribulations et pérégrinations de Sofia

Caution, le blog que vous vous apprêtez à lire emploie un langage parfois cru, morne et insipide, et risque de vous faire perdre un temps considérable. Avant de vous engager plus loin, soyez sûr de votre décision.

Puantare

Publié le 15 Novembre 2014 par Sofia

Si un jour quelqu’un lit ceci, c’est que c’est bel et bien la fin pour moi.

Allez savoir comment, j’ai toujours été sûre que je mourrai dans un accident de voiture, fauchée au moment le plus reposant de ma vie : celui où mon vœu le plus cher aura été réalisé.

Pourquoi cette mort me plaît-elle autant ? Je ne sais pas… Peut-être le fait qu’elle soit imprévue, qu’elle arrive au moment où l’on s’y attend le moins – traverser une route est si banal – peut-être aussi parce qu’on le voit paradoxalement arriver. Je me tiens, droite face à la voiture, qui arrive, droit vers moi ; c’est un bel après-midi, je viens d’apprendre une nouvelle (dévastante ou pas cela ne change rien). Je remercie le ciel que cela arrive. Je l’insulte de ne pas l’avoir fait arriver plus tôt.

Je n’ai jamais aimé – ou si, une fois, pour rien, comme toujours. Le rien. Le rien que je retrouve désormais. Aimer. Futile. Ridicule. Pourtant, je le savais, que ça n’était pas fait pour moi, j’y croyais à sa théorie à ce Leibniz, j’y croyais et j’y crois toujours. Toujours, un mot qui ne revient que trop ici, puisqu’après tout, j’ai beau avoir toujours aimé l’élu de mon con de cœur, il ne m’a jamais aimée en retour.

Il voulait s’évertuer à me rendre heureuse, mais ne trouvait pas comment. Pauvre con.

J’ai essayé de le fuir, loin, très loin, et il revenait, sans savoir pourquoi.

J’ai un jour cru que la grande gentillesse qu’il éprouvait pour moi s’expliquait par un amour caché, qu’il ne pouvait s’avouer.

J’ai su que c’était faux un ou deux mois plus tard, où il m’apprit que, d’une part, il était amoureux, que d’autre part, ça n’était pas de moi, et, enfin, que je n’étais qu’une pute à ses yeux.

Pute. Du latin puantare, signifiant « qui pue ». Si je pue, permets moi de me dérober à ton nez. Ce nez droit et noble.

J’ai pu m’extasier de nombreuses heures sur ton grain de beauté, j’ai dû m’inquiéter souvent tu sais, je me souviens de ton visage reposé, celui en colère, celui triste, et le plus beau, celui où tu es serein, à l’abri du monde, de toi, et surtout, de moi.

Tu n’as jamais pu me voir ainsi, jamais comme une humaine, jamais comme une personne ayant des sentiments, jamais comme je suis, jamais faible, jamais… Jamais. Un mot qui ne revient que trop ici, puisqu’après tout, moi je t’ai toujours aimé – ce jamais de ta part ne fait que me blesser davantage.

Tu n’as jamais su que je t’aimais. Tu n’as jamais pensé cela possible. Comment moi, Sofia, pourrais-je ne serait-ce qu’oser lever les yeux sur toi ? Si déjà je ne suis pas capable de cela, comment aurais-je pu oser poser mes lèvres sur les tiennes, pour le simple plaisir de le faire, ici, là, maintenant, pour rien si ce n’est oser poser mes lèvres sur les tiennes, ici, là, maintenant, pour rien et rien d’autre que poser mes lèvres sur les tiennes, ici ou ailleurs, là ou après, maintenant et à jamais.

Une pensée incessante.

Que je m’évertue.

A oublier.

Oublier. C’est bien inhumain.

Je n’oublierai jamais la première fois que je t’ai vu, tu étais si lumineux. Comme une boule de feu. Cela doit expliquer pourquoi j’avais peur de toi, t’as même fini par me cramer mes ailes.

Pourquoi ne m’as-tu jamais vue ?

Pourquoi ô Seigneur n’ai-je pas été capable de ravir ses yeux, et par là même, son cœur ?

Je pleure en écrivant tout cela – en pensant tout cela. Parce que ça n’est pas juste. Pas juste. Pas juste. Pas juste. Pas juste. Pas juste.

Pas.

Juste.

Ton avis était sans doute le seul qui comptait pour moi.

Quand je vois ce que tu penses de moi, je souffre, car j’ai toujours essayé de mon mieux. Ça n’a manifestement pas suffi. De là à être une pute…

Je t’ai pardonné, parce que les circonstances l’exigeaient, pourtant tu sais que l’on est devenus « amis » une semaine ou deux plus tard, parce que je t’ai appelé « papa » et que tu m’as dit d’un ton sec que je n’avais pas le droit de faire ça. Ca : te traiter en ami, même si tu n’es plus rien pour moi. Ca : de badiner alors que tout est si sérieux. Ca : être là pour mieux repartir ensuite, encore plus loin.

Loin.

J’y suis maintenant.

Je veux y rester.

Pour toujours.

Ne plus jamais revenir.

Loin.

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