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Les diverses tribulations et pérégrinations de Sofia

Caution, le blog que vous vous apprêtez à lire emploie un langage parfois cru, morne et insipide, et risque de vous faire perdre un temps considérable. Avant de vous engager plus loin, soyez sûr de votre décision.

Le vilain petit canard n'a peut-être plus rien à perdre

Publié le 15 Novembre 2014 par Sofia

Le vilain petit canard s’est pris pour un cygne. Hier, le 2 février 2011, j’ai dansé. L’oriental. Pendant 20 minutes, à minuit. J’étais si ridicule, à onduler avec un soutien-gorge. Celui qui est blanc et qui remonte bien, comme ceux des vraies tenues. Je portais mon bas de pyjama bordeaux et des chaussettes en laine. J’avais attaché mon écharpe en guise de foulard, sur mes hanches, pour les mettre en valeur. J’étais ridicule et je m’en fichais. Les mouvements me faisaient du bien, même si mes muscles étaient légèrement douloureux, étant donné que le nombre d’heures consacrées à l’activité physique s’approche dangereusement de zéro.

J’ondulais mes hanches, plaçais mes bras, jouais avec mes cheveux, et tout cela avec une sorte d’instinct mêlé à de lointains souvenirs. Pour la 1ère fois depuis longtemps, j’étais complice avec le miroir. Oxymore : Sofia était complice avec une surface réfléchissante. Surface réfléchissante qui lui renvoyait l’image d’une jeune imbécile très gauche essayant – à défaut de réussir – de danser. J’avais beau voir ce corps laid, engraissé, j’avais beau voir mes aisselles assaillies, observer mon ventre hirsute et mal dessiné, je me sentais bien.

Les sonorités me berçaient et, bien que je restais fixe, que je n’utilisais pas vraiment l’espace, je me sentais comme transportée. Moi qui me ratatine, tant au sens propre qu’au sens figuré, et ce chaque jour un peu plus, je me suis sentie grandie pendant ce court instant.

Non pas que je faisais onduler mon corps à la manière de Najwa Fouad. Non pas que je me sentais belle. Disons que je ne me sentais pas laide et ce paisible sentiment était apaisant. Faible répit en ce monde essoufflant dès les premières minutes que nous passons hors de l’utérus de notre mère. Faible répit, mais répit tout de même.

Je me sentais comme renaître. Non, je me sentais comme « réveillée ». C’est tout de même dommage qu’il faille que je sois dans tous mes états pour enfin oser accomplir quelque chose d’aussi simple. Peut-être l’ai-je fait car je n’ai plus rien à perdre, ni ma dignité, ni mes larmes.

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